Online workshop "LIEUX DE MÉMOIRE" with our guest professor at the faculty, the French writer and Goncourt prize winner Mathias Énard and Prof. Dr. Oliver Lubrich (moderation).
Online-Workshop "LIEUX DE MÉMOIRE"
Forgée et mise en lumière par l’historien Pierre Nora dans les années 1980, l’expression Lieu de mémoire a connu une fortune immédiate, fortune confirmée au fur et à mesure de la publication des volumes de cette « histoire de France » d’un ordre un peu différent – même si elle s’ouvre par une déploration qu’on pourrait qualifier de « nationaliste » : « la disparition rapide de notre mémoire nationale, nous dit Pierre Nora, appelle aujourd'hui un inventaire des lieux où elle s'est électivement incarnée et qui, par la volonté des hommes ou le travail des siècles, en sont restés comme ses plus éclatants symboles : fêtes, emblèmes, monuments et commémorations, mais aussi éloges, archives, dictionnaires et musées. »
Bien sûr cet « inventaire » se justifie autrement que par la disparition de la dite « mémoire nationale ». Cette étude de l’association du lieu et de la mémoire, de la cristallisation du souvenir dans un objet/lieu est un des points passionnants de partage et de rencontre des savoirs. Comment fonctionne cette « incarnation » dont parle Nora ? Comment lire une chanson populaire, par exemple, comme un monument ? Un lieu de mémoire ? Mémoire non seulement par les événements auquel elle fait référence, mais aussi par son destin partagé par la collectivité ? Le monument, qu’il soit lieu, bâtiment ou même tout autre chose, est avant tout un récit qu’on peut écrire, lire ou déchiffrer. Le monument propose une agglomération mémorielle, une construction du récit.
Les enjeux contemporains liés à la relation lieu / mémoire / monument sont immenses. Non seulement dans une mémoire « nationale » ou « étatique » comme l’ont envisagé Pierre Nora et ses successeurs, mais aussi pour « lire » l’espace urbain (ou même la campagne ?) et son organisation spontanée de « lieux » ou de « démarches » mémorielles. Est-ce qu’un dessin sauvage sur un mur, un nom inscrit à la bombe de peinture sont une mémoire éphémère ? Sont-ils du même ordre ?